Rentrée pour 1 million et demi d’élèves gauchers, de la maternelle à la terminale dont 800 000 au seul niveau primaire.
De 4 à 10 ans, age crucial pour l’apprentissage, ce sont 800 000 élèves gauchers, qui peuvent être mis en difficulté par l’obligation de lire et d’écrire dans un sens contraire à leur sens naturel de lecture / écriture.
Ce qu’en pense trois spécialistes
Pascale Chavonnet (fondatrice et animatrice du site graphotérapeute.fr) : Il n’existe pas d’écriture de gauchers mais des écritures propres à chacun. (Cependant on peut trouver parfois quelques petites particularités chez les gauchers, comme par exemple les barres de « t » tracées de droite à gauche et certaines lettres rondes « a » « o » « q » « d » tracées dans le sens inverse des aiguilles d’une montre).
Nous ne sommes donc pas tous égaux face à l’apprentissage de l’écriture et particulièrement les enfants gauchers qui sont contraints d’écrire de gauche à droite alors que le geste d’ouverture pour eux est d’aller de la droite vers la gauche. C’est pourquoi il faut respecter le rythme de chacun afin d’éviter les crispations du geste et des douleurs éventuelles. Et ne pas oublier que la vitesse s’acquière progressivement et jusqu’à l’âge adulte.
Michel Galobardès (auteur de « Comprendre et accompagner l’élève gaucher », Hachette éducation): Ne plus contrarier les gauchers c’est très bien, mais trop de problèmes subsistent ne serait-ce que l’adaptation personnelle et souvent erronée de l’élève, d’où la nécessité de l’accompagner dans son effort. Devant la fréquence et l’ampleur des conséquences tant scolaires que médicales il fallait une méthodologie préventive. C’est fait, à la demande de nombreux enseignants et après deux ans de recul on peut en affirmer l’efficacité tant pour l’élève gaucher que pour l’enseignant dont le travail est grandement soulagé.
Jeanine Lafontaine (ex maître formateur en IUFM, membre d’un groupe de recherche CERFI-IUFM ) : Les parents dont l’enfant utilise sa main gauche pour des actes quotidiens devraient le signaler à l’enseignant ou au chef d’établissement pour diagnostiquer au plus tôt la latéralité des élèves.
L’enseignant pourrait ainsi donner des consignes claires et précises sur la position du corps, tenue du stylo, position de la page. Proposer de bons outils scripteurs adaptés à chacun et placer les modèles d’écriture en fonction de la main utilisée.
Quel conseil donner aux parents et aux enseignants
La graphotérapeute : Si vous voyez que votre enfant ou votre élève gaucher a des difficultés d’apprentissage d’écriture durant sa scolarité, c’est-à-dire que la lisibilité et le rythme de l’écriture ne correspond pas à la moyenne d’âge de sa classe, alors vous pouvez vous adresser à un spécialiste comme un graphothérapeute ou un psychomotricien.
Et dans l’attente d’une éventuelle prise en charge ou accompagnement suite aux résultats du bilan graphomoteur, je vous conseille, surtout, de ne pas lui faire faire des pages d’écriture mais plutôt de lui faciliter la vie comme : ne pas recopier les consignes et favoriser l’oral.
Le médecin : Veiller à ce que l’élève soit équipé d’un ensemble d’outillage spécial gaucher dont l’absolue nécessité est actuellement bien démontrée. Placer l’enfant dans la rangée de gauche, le cahier penché vers la droite et décalé vers la gauche par rapport à l’axe du corps ce qui prévient très efficacement non seulement toute mauvaise attitude vertébrale, mais aussi toute hyperflexion disgracieuse du poignet*.
L’enseignante : Pour mieux accompagner vos élèves gauchers reportez vous à l’ouvrage « Comprendre et accompagner l’élève gaucher« , de Michel Galobardès. Les parents et les enseignants mieux informés, apporteraient à l’enfant gaucher l’aide dont celui-ci à besoin.
*Les explications et justifications de ces préconisations et de biens d’autres, avec photos, schémas et témoignages d’enseignants se trouvent dans le livre du docteur Michel Galobardès « Comprendre et accompagner l’élève gaucher » chez Hachette éducation).
Pour en savoir plus sur l’écriture : graphotérapeute.fr
lesGauchers