L’élève gaucher : prise en compte de sa différence. Fiche résultant de trois ans d’expérimentations. Cf. «Comprendre et accompagner l’élève gaucher, éléments de pédagogie adaptée aux spécificités mentales et gestuelles», Michel Galobardès, Hachette éducation 2007.
Préconisations aux enseignants de l’école primaire :
(Étant bien entendu que la latéralité est désormais déterminée et repérée : en classe maternelle l’enfant a eu non seulement le libre choix de sa main préférée mais aussi celui de la surface d’expression graphique horizontale et verticale).
Le sens de «pensée» : le sens de lecture/écriture de la gauche vers la droite est favorable au sens naturel du droitier mais contraire à celui de l’élève gaucher qui doit s’y adapter. Cet effort supplémentaire s’ajoute à l’effort d’adaptation à un éventuel outillage inadéquat et à celui d’un geste d’écriture crispant (le bras se rapprochant du corps au lieu de s’en éloigner comme chez l’élève droitier) d’où la priorité :
– Une meilleure compréhension de l’élève gaucher permettra de l’accompagner dans ces efforts d’adaptation au sens gauche/droite.
– Les élèves gauchers seront recensés en début d’année scolaire.
– L’outillage spécialisé sera conseillé : ciseaux, taille-crayon et règle graduée.
(Si on pense renforcer l’élève gaucher en le privant du matériel adéquat qu’attend-on pour renforcer les droitiers en les équipant avec du matériel de gaucher ?).Le geste d’écriture à main gauche rapproche le membre supérieur du corps et l’œil directeur est souvent le gauche. Il se crée une crispation-torsion de la nuque et du dos qui nuit à la concentration et à la qualité du travail donc :
– L’élève sera placé sur le côté gauche d’une table lorsque celle-ci est prévue pour deux élèves.
– L’élève sera placé dans la rangée de gauche afin de l’inciter à tourner la tête vers sa droite, ce qui dévérouille sa nuque.
– Le cahier sera décalé vers la gauche (décrispation du membre et mise en jeu de l’œil directeur) et penché vers la droite (l’inverse pour le droitier), la feuille étant dans le prolongement de l’avant-bras qui écrit.
Rappel : le crayon se tient en pince entre la pulpe du pouce et celle de l’index avec simple appui sur le majeur.
Dr Michel Galobardès Mars 2009
L’avis d’un Inspecteur de l’Éducation Nationale
Les travaux du Dr Galobardès contribuent à une prise de conscience des problématiques des gauchers en situation d’apprentissage dans un monde de droitiers.
Ils procurent aux enseignants des conseils ergonomiques pouvant prévenir de nombreuses difficultés et éviter des postures incorrectes susceptibles de développer des pathologies.
Naturellement, ses travaux méritent d’être portés à la connaissance des enseignants.
Personnellement je diffuse ses préconisations aux écoles de mon secteur.
Guy BILLÈS
IEN Perpignan
lesGauchers
3 commentaires
Bonjour, je suis gauchère et si j’ai eu la chance de n’être jamais volontairement contrariée étant enfant dans mon apprentissage de l’écriture (ni à l’école, ni à la maison), avec toujours des professeurs plutôt bienveillants, je me souviens avoir au début, inversé mes 3 et les boucles de mes l. Bref, je souhaite partager ici un souvenir car il y a un conseil donné sur ce site sur lequel j’émets des réserves.
Comme je l’ai dit, je n’ai jamais été contrariée volontairement. Mais quand j’étais enfant, du jour où j’ai été repérée gauchère, on m’a mise à gauche de la table pour ne pas gêner le droitier à côté. Cela s’est bien sûr vérifié presque tout le long de ma scolarité et au moins au début, je l’ai mal vécu (et cela m’a toujours gêné dans l’écriture). Je m’explique. Quand on m’a placé à gauche de la table, à l’époque où j’apprenais à écrire, j’ai plus ou moins pris cela comme une punition, une mise à l’écart, un pointage du doigt. Elle est à gauchère donc elle va à gauche pour ne pas gêner le droitier à côté. Que cela me gêne moi pour écrire, qu’importe… C’est ainsi que je l’ai vécu. Donc, aux enseignants et parents de gauchers qui lisent ce commentaire, veillez bien à ce que l’enfant gaucher ne comprenne pas cela de travers. Pourquoi cela m’a toujours gêné d’être à gauche de la table ? Parce que j’écrivais alors avec le coude dans le vide et je devais me contorsionné, moi qui n’ai jamais eu de problème pour bien me positionner face à ma feuille (pas de poignet cassé ou autre), pour faire rentrer ma feuille et mon bras sur mon petit coin de table. Puisque j’étais placée à gauche pour ne pas gêner mon voisin droitier, chose que nous entendions tous les deux, c’est que lui pouvait prendre ses aises sur la table et que je devais faire avec le petit coin qu’il me laissait. C’est ainsi que nous l’entendions toujours naturellement, quelque fût le dit voisin. Rares furent les fois où j’ai eu ma part de table et même alors, le bord me gênait. Et il m’a gêné tout au long de mes études ! Donc dès que je le pouvais, je me mettais à gauche, quitte à replier mon bras contre moi pour ne pas gêner l’autre, cela m’empêchait moins d’écrire que le bord de table dans lequel coude et cahier finissait toujours par plonger.
Je suis ambidextre, mais avant tout gauchère (Mon grand-père était instituteur et tenait absolument à ce que tout ses petits enfants soient droitiers Mais ses méthodes n’ont pas superbement réussi sur moi ;)). Malgré tout, mon écriture est lamentable que ce soit de la main gauche ou de la droite ;).
Bonsoir,
Nous parlons souvent des élèves mais jamais des professeurs gauchers…
En tant que futur PE j’ai été confronté à de nombreux problèmes pendant mes stages notamment en maternelle.
En effet, étant donné que la plupart des élèves sont droitiers, l’aide dans la motricité fine et le graphisme y sont plus compliqués puisque la main de l’enseignant gaucher est opposée à celle de l’élève.
L’écriture des lettres y est aussi difficile,
Enfin, comment réussir à ce que des élèves gauchers aient une bonne position alors que le professeur des écoles, lui même gaucher, écrit avec le « poignet cassé »,
Je pense qu’il faudrait une formation supplémentaire pour ce genre de problème…